Un "DD Tour" à Grande-Synthe raconté par Joffrey

Joffrey est membre actif de l'association Ter(re)tous Transition. Le 21 octobre, il s'est rendu à la journée de visites et conférence organisée par la Halle aux Sucres de Dunkerque en présence de personnalités comme Damien Carême et Rob Hopkins. Retour sur une journée riche de découvertes...

Samedi 21 Octobre dernier j’avais la chance de représenter l’association à l’occasion du coup de projecteur fait aux initiatives de transition de Grande-Synthe et de la Communauté Urbaine Dunkerquoise. Ce week-end d’ateliers, de visites et conférences était en fait marqué par la venue de Rob Hopkins, un des fondateurs du mouvement des villes en transition parti du Royaume-Uni et en particulier de Totnes. Rob a pu être tour à tour animateur, conférencier ou encore observateur pour incuber cette synergie à l’occasion de ces trois jours.

Au lendemain de cette journée, Rob a écrit : 
Une visite fascinante des environs de la ville de Grande-Synthe en compagnie du Maire Damien Carême […] et d’autres pour observer de super projets : logements passifs, un magasin de seconde main, de fantastiques lotissements à la cubaine et les débuts d’une forêt nourricière urbaine gérée par la communauté. Ensuite un exposé à la Halle aux Sucres pleine à craquer, avec de superbes questions et interrogations
Cette journée très riche était en effet constituée de deux temps forts : le « DD tour » à Grande-Synthe et la conférence publique de Rob Hopkins « Le pouvoir de faire les choses » (ou Transition Stories : local solution for a sustainable society), qui se tenait à la Halle aux Sucres de Dunkerque, au sein du Learning Center régional Ville durable. Au passage, les médias télé comme la chaîne de télé locale et France Télévision ont suivi le déroulement de la journée et interviewé les acteurs à diverses reprises. Des reportages télé de la journée sont disponibles !

« Vous venez pour le DD tour ? »
Derrière cette expression je ne savais pas à quoi m’attendre. Ce bus-trip concocté par la municipalité de Grande-Synthe et son maire Damien Carême m’a littéralement emporté avec d’autres dans un voyage rythmé à la découverte des initiatives de la ville pour un quotidien plus social, plus durable et respectueux de l’environnement. Le maire est d’abord revenu sur l’historique et les enjeux actuels de sa ville : une ville champignon fortement impactée par la présence industrielle et en même temps en profonde mutation et réflexion socio-environnementale. Il a pu ainsi esquisser les politiques DD, énergétiques et socio-environnementales audacieuses (voir les fascicules que j’ai conservé, l’historique de la ville ou l’engagement politique de Damien Carême sont des sujets à part entière !)
Notre groupe - constitué de la municipalité, de Rob, d’acteurs et témoins de la transition en marche – a ensuite pris le bus pour observer les manifestations concrètes dans la ville élue première capitale française de la biodiversité en 2010.
Maison communale de Grande-Synthe au petit matin. Le ton est donné ! 
 Nous avons pu observé durant ce tour de Grande-Synthe :
- l’organisation de la ville avec ses trames vertes et bleues, ses canaux à ciel ouvert (watergang) et ses pistes cyclables en site propre (l’investissement actuel dans ces pistes est conséquent)

- des quartiers repensés en termes de structuration, d’agencement, de hauteur d’immeuble, ou de choix des matériaux…, avec de nouvelles zones de passage ou de rencontre

- en particulier, le quartier du Courghain métamorphosé et organisé autour d’une maison de quartier, d’un magasin Emmaüs de seconde main, et d’un maison des échanges (« trocetco »). La maison des échanges est un bel espace ouvert et moderne de troc, d’échange de compétences et de temps. Elle organise notamment des repair café. Le magasin Emmaüs est un lieu fascinant d’objets de toute origine prêts pour une seconde vie.

- un jardin mixte partagé et ouvert au pied d’un immeuble (« le jardin populaire ») , un autre immeuble dit « passif » sur le plan énergétique. Grande-Synthe comptabilise 5 jardins partagés générateurs de lien.

- une foret nourricière urbaine (« la forêt qui se mange ») : ici la ville a mis à disposition auprès d’une association demandeuse un terrain dans le but de faire pousser des arbres nourriciers, des carrés potagers… Ici des jeunes aux cultures, des enfant dans les allées, de la vie quoi !

- un centre équestre associatif qui héberge aussi les chevaux de la ville pour les travaux d’espace vert ou autres transports occasionnels. Il sera prochainement bordé d’un écoquartier. Une atmosphère très populaire pour un lieu avec une fréquentation élevée.
Visite de la Maison des échanges « trocetco » 
Le jardin populaire


Une stratégie volontaire gagnant-gagnant est souvent trouvée entre la ville et des associations, des maraichers ou autres. Le maire se donne pour ambition d’opérer dès à présent les transitions socio-environnementales requises pour dépasser l’hyper-dépendance aux grosses industries voisines. « Nous devons avoir des leviers pour parer à une fermeture d’usine ou à un choc économique » martèle-t-il au cours de la visite. Il y a en particulier la nette volonté d’augmenter progressivement l’autonomie alimentaire. Pour tous les sujets, « c’est du step by step, nous sommes des colibris » précise Damien Carême ; principe de base que nous rappellera très vite Rob Hopkins l’après-midi.
La vision de la transition par Rob Hopkins : se connecter aux autres et trouver collectivement, pas à pas, des chemins qui apparaîtront naturels et simples vers le mieux vivre ensemble.
Tout encore émerveillé avec d’autres de toutes les initiatives réunies à l’échelle d’une commune, j’ai pu assister l’après-midi à la présentation très inspirante de Rob. Il avait choisi de débuter son intervention par un jeu ludique et participatif de localisation afin de réaliser que nombreux sont ceux non loin de nous à s’intéresser et à s’engager aussi pour la transition. We are not alone !
Pour sa présentation ensuite, il avait fait le choix d’exposer sa vision sur les grands principes de la transition au travers de nombreux exemples pratiques. Nous avons à nouveau beaucoup voyagé !

Préambule de la présentation :
- Se connecter aux gens qui nous entourent
- Trouver des idées simples ensemble, trouver des solutions pour vivre ensemble
- Débrider et laisser s’exprimer l’imagination, imaginer quelque chose de différent
- La transition est quelque chose à expérimenter autour de soi (Rob ne se présente pas en tant que professeur ou expert, il n’y a pas de recettes toutes faites et Rob le fait savoir)
- C’est une expérimentation « marche après marche». Les «grands sauts » amènent souvent à des situations non soutenables
- La manière compte tout autant si ce n’est plus que la réalisation
- Prenons soin de nous pour agir sur la durée. Se préserver du burn-out.

Grands points :
- Raconter de grandes histoires : ralentir pour changer de point de vue. Exemples d’initiatives collectives locales comme une vendange locale ou encore les monnaies locales
- Saisir les opportunités qui se présentent d’elles-mêmes
- Bénéfices d’une économie circulaire. Exemple de Liège en transition et de son initiative d’autonomie alimentaire « ceinture aliment-terre » : instauration d’une dynamique et ambition de créer 5000 emplois. Pour Rob, le métier de fermier urbain sera certainement d’ici 5 ans le plus dément !
- Sois créatif, enjoué et ouvert. Et place l’attention au centre. La transition est à voir plus comme une fête que comme une marche de protestation. Exemple des « green villages ».
- Investis dans ta communauté. Exemple des coopératives d’énergie
- Permettre à la communauté de posséder. Exemple de Totnes. Importance de la mémoire du passé pour cheminer au temps présent.
- Fêter les échecs. Just try thing
- Se soutenir les uns les autres. Exemple de la maison des échanges
- Exemple de l’aide administrative à Totnes.
- Exemple d’Ungersheim et référence au film Qu’est ce qu’on attend ?
- Exemple du jardin mille semences à Bruxelles, qui redynamise, donne confiance, favorise la solidarité
- Entreprenez. Créer des emplois nouveaux. Forums d’entrepreneurs locaux.


L’après-midi s’est terminée avec la visite de l’exposition temporaire très fournie « Transition en action : devenez vous aussi un super héros » installée au sein de la halle du 21/10/17 au 06/01/18 (à vos calendriers !)
Pour terminer cet article, j’ai une pensée très chaleureuse à l’attention des personnes que j’ai rencontrées ce jour-là et avec qui j’ai pu discuter de manière passionnée. En particulier Gaëtan médiateur à la Halle aux Sucres, Julien de Chantilly qui anime une association de quartier et organise prochainement un marché de producteur ou encore Julie de la Fabrique Verte (une « association-sœur » qui intervient à Dunkerque).

Dans cet article, je me suis efforcé de rester global pour retranscrire ces moments. Des informations détaillées sont accessibles. Je me tiens disponible pour partager plus d’information, j’ai aussi ramené de la documentation de la visite de Grande-Synthe, à suivre !

Merci Joffrey pour ce retour passionnant ! 

Commentaires

  1. Merci Joffrey pour ce reportage très complet et captivant ! Grande-Synthe a l'air particulièrement avancée en terme de transition, on sent une réelle volonté de la municipalité d'insuffler une dynamique de changement, de solidarité, de "faire-ensemble" dans la ville !

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  2. Merci pour ce résumé bien complet de ta visite.
    Cela donne encore plus envie d'avancer et d'agrandir notre petit groupe de terretousiens ��

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